lundi 8 décembre 2008

***Karoutchi: "Baisser les impôts régionaux de 10%"***


***Roger Karoutchi, secrétaire d'Etat chargé des Relations avec le Parlement et président du groupe UMP au conseil régional, présente son projet pour "changer la vie quotidienne des Franciliens". Il propose, entre autres, une réduction rapide des impôts et "la création d'une entreprise publique unique de transport qui regrouperait la RATP et la SNCF dans la région".

Où en est votre campagne interne à l'UMP face à Valérie Pécresse? On dit que l'Elysée regarde de près les sondages, qui ne vous sont pas forcément favorables...
C'est une absurdité! Quels sondages? C'est l'unique argument de ceux qui craignent de perdre l'élection devant les militants. On me parle de sondages de notoriété: je n'ai jamais prétendu être le plus connu, mais le plus aimé par les adhérents. Jusqu'à présent, le débat interne se déroule sereinement. Les primaires voulues par le Président de la République sont une réussite.

Votre site internet a été piraté, ce qui ne témoigne pas d'une ambiance très sereine...
Des articles, photos et vidéos ont été modifiés. Des noms ont été effacés, d'autres ajoutés dans la liste de mes soutiens. J'ai donc porté plainte contre X.

Jean-Paul Huchon fait-il campagne pour vous quand il pointe chez Valérie Pécresse sa "méconnaissance abyssale" des dossiers?
Il dit qu'il préfère l'affronter, elle, que moi... Moi, je sais seulement que j'attends avec impatience mon débat avec Jean-Paul Huchon. Ne comptez pas sur moi pour être désobligeant avec mes concurrents. Je ne suis pas le candidat des petites phrases mais celui du projet et de la force militante.

"Je n'accepte plus la coûteuse concurrence RATP-SNCF"

Quels sont les points forts de votre projet pour l'Ile-de-France?
Pour changer le quotidien des Franciliens, il faut concentrer les moyens de la région sur les domaines prioritaires: transports, emploi, logement et sécurité. Je souhaite que la Région s'engage sur la sécurité, qu'elle aide à la création de polices municipales ou à l'équipement de la police nationale, qu'elle mette en place un grand plan de vidéo-protection dans les gares, les centres commerciaux, les points sensibles.

Vos propositions pour les transports?
Je veux un vrai schéma des transports publics inter-banlieues, largement financé par l'Etat. J'ai soutenu Métrophérique et la rocade ferrée à 30 kilomètres de Paris. Mais si le projet de Christian Blanc d'un métro automatique reliant les grands pôles d'activités - qui reprend en partie ces deux idées - est plus révolutionnaire, j'y adhérerai. Par ailleurs, je n'accepte plus la coûteuse concurrence RATP-SNCF. C'est pourquoi je souhaite à court terme la création d'une entreprise publique unique de transport qui regrouperait la RATP et la SNCF dans la région. Cela nous permettra de réaliser des économies considérables et de dégager notamment les 400 millions d'euros nécessaires à la mise en place de la carte orange unique à 50 euros pour tous les Franciliens.

Pour l'emploi?
Je demande la création d'un guichet unique à la région, qui regrouperait les dizaines de systèmes d'aide aux entreprises. Aujourd'hui, nous avons une agence régionale de développement qui dispose de 10 millions d'euros de subvention par an; c'est ridiculement faible et inefficace. Je voudrais une agence dotée de 100 millions d'euros de subvention qui soit un vrai partenaire des entreprises, des chambres de commerce et des métiers. Je souhaite aussi que disparaisse la taxe sur les bureaux. Il y aura un bras de fer avec l'Etat, et alors? Par ailleurs, il faut arrêter les emplois tremplins: c'est un échec total. L'objectif était d'aider les jeunes à s'insérer, c'est devenu un système d'arrosage des associations. Plus de soutien aux pôles de compétitivité, aux pôles d'excellence, c'est plus d'emplois pour tous.

Et le logement?
Ma première mesure sera de proposer une aide aux primo-accédants. Le prix du foncier est trop élevé en Ile de France. C'est pourquoi le président de la République vient d'annoncer que les casernes fermées seront données aux collectivités. Il existe aussi deux millions de mètres carrés inutilisés, appartenant aux ministères, à la SNCF ou à la RATP. Je demande qu'ils soient transférés aux collectivités pour permettre la construction de 60.000 logements par an. Enfin, je plaide pour la création de deux Ecopolis, des villes nouvelles écologiques et harmonieuses, en parallèle de la création d'éco-quartiers.

Concernant la fiscalité?
La gauche a augmenté de 65% la pression fiscale depuis 2004; moi, je m'engage en deux ans à baisser de 10% les impôts régionaux pour les particuliers et les entreprises.

"La région capitale (...) est un boulet"

Vous êtes en contact régulier avec Christian Blanc. Certains disent qu'il est un homme seul dans son ministère...
Je ne crois pas qu'il soit dans le silence, il est plutôt dans l'expertise et dans l'analyse. On attend de lui des projets concrets, ambitieux, innovants, pour changer réellement le rythme de la croissance et le rythme de vie de la région capitale. Il ne faut pas imaginer que cela peut se faire en quelques mois d'un coup de crayon. On a déjà le projet scientifique du plateau de Saclay. Il fera un bloc de propositions à la fin du mois de janvier sur les transports publics et ses projets d'aménagement. Croyez moi, vous serez surpris.

Quel est votre apport au dossier Grand Paris?
Au-delà du plateau de Saclay, j'ai proposé de longue date de grands projets économiques autour du bassin de Roissy et de Plaine de France, avec notamment la création d'un grand pôle culturel et sportif et de nouvelles zones d'aménagement urbain et la création d'un grand pôle d'affaires à l'Est. Christian Blanc est sensible aux arguments que je lui ai présentés.

Quelles devraient être, selon vous, les limites géographiques du Grand Paris?
Pour moi, il ne doit pas y avoir de limites géographiques. Le Grand Paris, c'est en réalité une dynamique de grands projets structurants portés par l'Etat: transports publics, pôles d'affaires, pôles de développement économique, grands gestes urbanistiques et architecturaux. Mais pas question de rajouter une nouvelle strate de collectivité. On ne peut pas en même temps demander à Edouard Balladur de réfléchir à la simplification du mille-feuille territorial et créer un nouvel échelon administratif en Ile-de-France. Pour gérer le Grand Paris, on peut très bien imaginer un syndicat ou un établissement public qui regrouperait les établissements publics de Saclay, Roissy, Plaine de France... L'intérêt majeur du Grand Paris, et ça personne ne le dit, c'est un réengagement financier fort de l'Etat. Tous ces grands projets peuvent être financés à 50% par l'Etat, c'est-à-dire bien plus que son niveau d'intervention aujourd'hui.

C'est aussi un réengagement politique de l'Etat?
Forcément! Si vous financez 50% des opérations, il est logique que vous jugiez de la pertinence des projets. D'ailleurs, je constate que Jean-Paul Huchon n'a pas arrêté de se lamenter sur le désengagement de l'Etat... Et quand on lui dit que l'Etat revient, par l'intermédiaire des projets Grand Paris, en finançant lourdement, il parle de recentralisation. Il faudrait quand même qu'il soit cohérent!

Le concept de Grand Paris, c'est donc une reprise en main de l'Etat en Ile-de-France?
Mais non! Aujourd'hui, l'Ile-de-France a une croissance économique de 1,7% par an, en moyenne depuis dix ans. Le Grand Londres est à 4%; Barcelone et Berlin à 4,5% par an. Dans les autres pays, les grandes agglomérations centrales ont un taux de croissance deux fois supérieur à leur moyenne nationale. Nous, en Ile-de-France, nous avons un rythme de croissance inférieur à la moyenne nationale. Non seulement la région capitale ne remplit pas son rôle de moteur dans le développement, mais elle est un boulet. Compte tenu de notre potentiel, c'est inacceptable! Je ne comprends pas la réaction mesquine, fermée et frileuse de la Région face au Grand Paris. L'Etat est prêt à mettre des milliards sur l'Ile-de-France, quelle opportunité! Je demande à la région de saisir cette chance et de penser avant tout aux Franciliens.

"Des méthodes de flibustier"

Réclamer une croissance très forte en pleine crise économique, n'est-ce pas irréaliste?
C'est parce que la situation nationale et internationale est mauvaise que nous avons besoin d'une région capitale qui soit le moteur de la croissance nationale. Dans le plan de relance annoncé jeudi par le président de la République, il y a la volonté de mettre le paquet sur les infrastructures routières, les transports publics, etc.

Pourquoi l'évolution du "syndicat mixte ouvert Paris Métropole" - voté récemment par le Conseil de Paris - vous inquiète-t-elle?
La Région, qui a peur d'être dessaisie de ses pouvoirs, est en en train de couler le syndicat mixte de Bertrand Delanoë. Elle exige une taxe professionnelle unique, un syndicat du logement commun à tous et un bureau qui écarterait les maires de droite. Mireille Ferri a même dit que Paris Métropole doit être un contre-pouvoir et un levier d'action contre les futures propositions de Christian Blanc et d'Edouard Balladur. C'est incroyable: Christian Blanc et moi avons fait preuve de bonne volonté, nous leur avons dit "banco, on y va!". Et maintenant, ils parlent de contre-pouvoir! Ce sont des méthodes de flibustier. Dans ces conditions, qu'ils restent entre eux, on n'ira pas!

Quelles propositions concrètes faites-vous à la commission Balladur?
J'ai indiqué à Edouard Balladur que je suis assez favorable à un corps d'élus territoriaux qui seraient à la fois conseillers départementaux et régionaux mais je pense qu'il faut conserver les départements et la région. Le constat est plutôt sur l'absence de lisibilité de l'action publique. Les départements et les régions disposent d'une clause de compétence générale qu'on peut qualifier de ravageuse car elle leur permet d'intervenir dans tous les domaines, y compris en dehors de leurs attributions. Ce qui veut dire qu'on multiplie les financements croisés entre tous les niveaux de collectivité. Par exemple, je ne vois pas très bien pourquoi la région Ile-de-France a payé la construction du musée Salvador Allende à Santiago du Chili? Que nous financions un hôpital, un dispensaire ou un lycée en Afrique, d'accord, mais pourquoi payons-nous le festival de musique de Nouakchott en Mauritanie? Ce système est fou.

Faut-il revoir le périmètre de l'Ile-de-France?
Certains l'envisagent, y compris la commission Balladur. L'Ile-de-France exerce une forte attractivité sur l'Oise, par exemple. Son influence économique dépasse son territoire. On pourrait donc imaginer une zone économique, comprenant le Sud de l'Oise, une partie de l'Eure-et-Loir, le Nord du Loiret. Mais c'est compliqué, parce que cela remet en cause les territoires et les structures des autres régions.

Que pensez-vous du projet de Grand Prix de Formule 1 en Ile-de-France?
Je suis conscient que seule l'Ile-de-France est en mesure de l'accueillir. Mais les élus sont partagés sur ce projet. Moi aussi. S'il doit aboutir, il faut de vraies garanties sur l'environnement, la sécurité, le voisinage. Et il faut savoir s'il peut être rentable à l'année.

Propos recueillis par Bertrand GRECO
leJDD.fr
07/Décembre 2009

Aucun commentaire: