samedi 31 janvier 2009

*Roger Karoutchi : "Je ne me suis jamais caché"*


***C’est la première fois, en France, qu’un membre du gouvernement en exercice avoue publiquement son homosexualité. A 57 ans, Roger Karoutchi, agrégé d’histoire, secrétaire d’Etat chargé des Relations avec le Parlement, fait son coming out. L’ami de Nicolas Sarkozy depuis trente-trois ans se dévoile dans un livre, « Mes quatre vérités » (éd. Flammarion), qui paraît cette semaine. Pour la première fois aussi, il nous ouvre les portes de son domicile parisien.

Paris Match. Qu’aurait dit votre héros, le général de Gaulle, d’un gouvernement où l’un – vous – se déclare homosexuel, l’autre – ­Xavier Bertrand – se dévoile franc-maçon, et la troisième – ­Rachida Dati – s’affiche, à 43 ans, mère célibataire ?
Roger Karoutchi. Je suis un fin connaisseur de tous les écrits et discours du général de Gaulle. J’observe que ce qu’il appréciait chez ses collaborateurs, c’étaient le dévouement et le travail. L’essentiel à ses yeux était qu’on serve bien son pays. Je m’y attache chaque jour.

Vous racontez dans votre livre que Nicolas Sarkozy vous invitait en week-end avec votre compagnon lorsqu’il était ministre de l’Intérieur, et que le même, devenu ­président de la République, vous convie tous les deux à des dîners officiels de chefs d’Etat étrangers. C’est donc lui qui vous a décomplexé ?
Je ne me suis jamais senti complexé ni placardisé, car je ne me suis jamais caché. Pour beaucoup de responsables politiques, d’élus, de militants, c’était un secret de polichinelle. Cela dit, je me lance dans une bataille électorale devant 12 millions de franciliens. Ils ont droit à ma sincérité. L’attitude ouverte de Nicolas Sarkozy a ­facilité le fait que j’évoque ma vie privée et que je n’en fasse plus mystère. Ce n’est ni une force ni une faiblesse.

Votre famille était-elle au courant ?
Non. Je leur ai parlé voici quelques jours. C’est une famille où la pudeur est de règle, où personne n’interroge l’autre sur sa vie privée. Mais soyons francs : quand j’ai mis ma sœur et mes cinq frères au courant, je n’ai pas eu le sentiment, chez eux, d’un étonnement fulgurant. Ma sœur m’a dit : “Ne t’affole pas, Roger. On s’en ­doutait, mais on s’en fichait. C’est ta vie, sois heureux.” C’est ­forcément plus compliqué pour mes parents.

Votre mère a 80 ans, votre père un peu plus. N’est-ce pas pour eux une douloureuse remise en ­question ?
Mes parents sont nés dans des familles juives pratiquantes. Avec eux, j’ai quitté le Maroc à l’âge de 5 ans, après l’indépendance. Pour ma mère, son fils est éternellement un gamin, mais c’est aussi le plus beau, le plus parfait. Elle a été blessée. Mais la seule chose qui compte pour mes parents, c’est que j’aille bien et que je sois heureux.

A quel âge avez-vous su ?
Je ne m’en souviens pas. Mais je me rappelle qu’à 16 ans, l’âge où d’autres courent les filles ou font la fête, je me suis engagé dans la vie publique en adhérant au mouvement gaulliste qu’était l’Union des jeunes pour le progrès. Depuis, même si ça fait un peu robot, le combat politique a été la seule grande passion de ma vie. Elle a occupé l’essentiel du temps que je n’ai pas consacré à ma vie privée.

“Les régionales, c’est mon combat”, dites-vous. Justement, votre ­coming out est interprété par ­certains comme une arme marketing pour accroître votre notoriété, aujourd’hui plutôt faible, face à votre concurrente dans les primaires, Valérie Pécresse. Que répondez-vous ?
Est-ce que moi j’insinue de telles arrière-pensées marketing quand les responsables politiques se font prendre en photo en long et en large avec leur conjoint ou leurs enfants ? La région, c’est vraiment ma passion. Je n’ai rien à cacher et pas d’état d’âme. Je souhaite ­simplement que tous ceux qui, jusqu’ici, étaient dans l’insinuation ou l’allusion perfide affirmant que je dissimulais arrêtent. Ça n’intéresse personne. Maintenant, ça suffit !

En mars, dans une primaire, vous allez affronter Valérie Pécresse, une quadra, mère de trois enfants, ministre de l’Enseignement supérieur et de la ­Recherche. Nicolas Sarkozy dit : “Que le meilleur gagne.” Pourquoi pensez-vous être le meilleur ?
Moi, je suis issu des rangs ­militants, je sais ce qu’est une vraie bataille électorale. Surtout, j’ai une parfaite maîtrise des dossiers, une bonne connaissance du terrain, avec un vrai projet pour la région Ile-de-France, ce qui me permet de tacler son actuel président, Jean-Paul Huchon, dans les débats. Lors des dernières régionales, en 2004, j’ai assisté au débat Jean-François Copé – qui menait la liste UMP – contre Jean-Paul ­Huchon. Copé était plus brillant mais Huchon était meilleur connaisseur. Il a gagné. Je suis ­aujourd’hui celui qui peut battre la gauche.

Avez-vous une arme fatale ?
Je dis à tous les crocodiles : “Venez, vous allez vous casser les crocs.” Sous mes airs de gentil ­garçon, j’ai le cuir dur, rien ne m’abat. Qu’ils y viennent, ils se fracasseront sur le mur de mes convictions.

Reportages Interview Elisabeth Chavelet/Paris Match
30 Janvier 2009

*Photo Thierry Esch

***A vous de juger, mais en ce qui me concerne, Roger Karoutchi a toujours mon soutien!***

Bien à vous,

Morgane BRAVO

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