samedi 31 janvier 2009

*Régionales : concurrencé par Pécresse, Karoutchi se raconte*


***Les adhérents UMP choisiront dans deux mois la tête de liste pour les régionales de 2010 en Ile-de-France. Elu régional depuis 1992 mais peu connu de l'opinion, Roger Karoutchi publie son autobiographie et entame un marathon médiatique.
Il sait souffrir d'un déficit de notoriété ; il a entrepris de le combler.

Concurrencé par Valérie Pécresse à deux mois du vote des adhérents UMP pour l'investiture régionale en Ile-de-France, Roger Karoutchi se livre ces jours-ci à un véritable marathon médiatique : hier sur TF1, ce matin sur Europe1, bientôt dans « Le Point »... Lui qui insistait, jusque-là, sur son expérience (il est élu régional depuis 1992), ses réseaux et sa connaissance des dossiers sait que cela ne suffira pas pour convaincre les 70.000 adhérents franciliens, certainement pas tous assidus aux réunions internes. Le secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement vient donc d'ajouter un nouveau registre à sa campagne : l'intimité.

Tout à la promotion de son autobiographie, « Mes quatre vérités », à paraître chez Flammarion, il a révélé vendredi son homosexualité. Que c'eut été parce qu'à cinquante-sept ans, c'était « personnellement le moment », qu'il s'agit de maîtriser cette révélation plutôt que de s'exposer à des rumeurs ou de créer l'événement, la démarche est encore audacieuse pour un politique. Même si elle est calculée : « Quand les gens adhèrent à quelqu'un, c'est qu'il adhèrent aussi à une pâte humaine », confie-t-il. Désireux de ne pas s'en tenir là, Roger Karoutchi raconte aussi son itinéraire d'enfant juif pied-noir rapatrié du Maroc après l'indépendance et devenu agrégé d'histoire. « Je ne suis ni un héritier ni quelqu'un né dans le milieu », assure-t-il, opposant implicitement son parcours à celui de Valérie Pécresse, énarque et diplômée d'HEC née à Neuilly.

Attaques
Dans la concurrence qui oppose ces deux membres du gouvernement, les attaques ne sont jamais loin. Elles ont connu un pic il y a deux semaines, lorsque Roger Karoutchi a saisi la Commission des sondages, contestant le sérieux d'une enquête Opinion Way où il était distancé de 29 points par sa rivale chez les sympathisants UMP. Ordre est venu de toutes parts de calmer le jeu. Un « débat » mais « pas de confrontation », a averti samedi encore François Fillon. Ce jour-là, les deux rivaux se sont ignorés. Valérie Pécresse avait choisi, au nom du « droit à l'indifférence » sur la vie privée, de banaliser le coming out de Roger Karoutchi, préférant tracer sa route au rythme d'une réunion par jour. La ministre de l'Enseignement supérieur, conseillère régionale depuis 2004, qui fait campagne sur le renouvellement, est visiblement irritée lorsque son concurrent explique mieux connaître qu'elle les dossiers régionaux et donc les failles du socialiste Jean-Paul Huchon. Mais c'est à propos du marathon médiatique de son rival qu'elle préfère asséner : « Il vaut mieux partir avec une dynamique qu'avec beaucoup de retard. »

E. F.

Les Echos

26/01/09

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